Aider ses pairs en difficulté

« Dans ma carrière, j’ai passé beaucoup de temps à calculer ; je connaissais mes coûts de production par cœur et je n’ai jamais eu de retard dans mes annuités. » Yves Derouet, 66 ans, s’est installé en 1979 sur 30 ha à Mézeray, dans le sud-ouest de la Sarthe. Lorsqu’il a pris sa retraite en 2019, il était à la tête d’une ferme avicole de 130 ha.

Un beau parcours qui aurait pu le conduire à se laisser tranquillement porter entre voyages et potager, séjours à la montagne et petits-enfants. Sauf que cet homme tout en rondeur est du genre énergique ! De son propre aveu même, un brin « fonceur et entreprenant ». Par-dessus tout, il aime l’agriculture. « Alors en 2020 quand Solidarité Paysans m’a sollicité, j’ai accepté de devenir bénévole », résume l’ancien président de Cuma.

Relations et santé

Présente dans la Sarthe depuis 1990, l’association accompagne les agriculteurs qui rencontrent des difficultés. Elle s’appuie sur deux salariés et une dizaine de bénévoles (lire l'encadré). Comme tel, « mon rôle n’est pas de juger mais d’écouter et d’aider », rappelle Yves, qui consacre un jour et demi par semaine à cet engagement. En face d’un nouveau dossier, sa première tâche est d’établir avec l’agriculteur un plan de trésorerie et d’organiser un tour de table des créanciers. Pour ce professionnel expérimenté, l’exercice est relativement simple.

« Mais de plus en plus, évoque-t-il, nous devons aussi composer avec les difficultés relationnelles et de santé psychique. » À son arrivée dans l’association, Yves, qui accompagne certains agriculteurs depuis quatre ans, s’est formé à l’écoute et aux procédures judiciaires. Désormais, il monte en compétences sur d’autres thématiques : la lutte contre le sexisme et surtout le mal-être en agriculture. « Le plan dédié n’avance pas assez vite alors que sur le terrain, les difficultés augmentent », s’irrite l’éleveur.

L’an dernier, Solidarité Paysans a initié une rencontre sur le sujet au lycée agricole de Rouillon (Sarthe), à l’attention de cent cinquante enseignants. « Au printemps, nous avons relancé le préfet pour qu’il active les acteurs sarthois. » À la fin de septembre, les organisations agricoles doivent se réunir… « Se rendre utile est une grande satisfaction », commente simplement Yves, aussi affable que combatif.